Hélène a bientôt 40 ans. Elle a fait de belles études, une carrière. Elle a réalisé le programme des magazines et le rêve de son adolescence : se tirer, changer de milieu, réussir. Et pourtant, le sentiment de gâchis est là, les années ont passé, tout a déçu.
Christophe, lui, n'a jamais quitté ce bled où ils ont grandi avec Hélène. Il n'est plus si beau. Il a fait sa vie à petits pas, privilégiant les copains, la teuf, remettant au lendemain les grandes décisions. On pourrait croire qu'il a tout raté. Et pourtant, il croit dur comme fer que tout est encore possible.
"Connemara" c'est l'histoire d'un retour au pays, d'une tentative à deux, le récit d'une autre chance et d'un amour qui se cherche par-delà les distances dans une France qui chante Sardou et va voter contre soi.
Alors que son épouse attend leur troisième enfant, Nobuki Niré trouve un vieux cahier dans l'un des tiroirs de son ancien bureau d'écolier. Il s'agit du journal que sa mère, atteinte d'Alzheimer, a éprouvé le besoin de tenir lorsqu'elle a senti sa mémoire décliner. À travers ces quelques mots, parfois quotidiens, parfois intimes, Nobuki va découvrir une femme qui a eu une vie avant lui, à travers lui, et qui désormais ne peut plus en rendre compte.
Anzu, céramiste, se consacre intensément à son art. Divorcée, elle habite seule avec son fils et ne souhaite pas se remarier. Cette vie calme et sereine lui convient. Sa soeur aînée annonce ses fiançailles et sa visite prochaine avec l'heureux élu.
"Arbre de l'oubli" brosse le portrait d'une famille américaine aisée, privilégiée, éduquée... puis, élargissant le tableau peu à peu, nous montre les fils inattendus qui relient cette famille aux pages les plus sombres de l'Histoire moderne. En dessinant un chemin tortueux à travers l'émancipation pas toujours réussie de trois personnages complexes, le roman aurait pu prendre les tonalités d'un parcours initiatique. Mais il s'agit, une fois le tableau appréhendé dans sa globalité, d'un grand roman d'Histoire vivante tant il convoque les enjeux essentiels d'aujourd'hui : racisme, religion et laïcité, procréation pour autrui, violence, misère et colère, féminisme et représentation.
Claire enseigne à L'Embellie, établissement associatif où l'on tente de mettre sur les rails de la vie active des jeunes gens en grande difficulté. Elle s'épanouit au contact de ces élèves sans filtres, dont le coeur est l'organe dominant. Elle a cela en commun avec eux. Et c'est ainsi qu'à la rentrée 2018, avec l'arrivée dans sa classe du jeune Gabriel Noblet, Claire "tombe dans une histoire" aux conséquences irréparables. Sur les ravages du soupçon et les injustices du silence, "Deux innocents" explore les moindres faux-plis du malentendu et de la fatalité. Avec une précision magistrale et une efficience narrative redoutable, Alice Ferney signe le grand roman moderne du déni de tendresse.
Jess a vingt-trois ans et quatre amies de toujours. Pour la fête du Printemps, les cinq filles décident de présenter un défilé de mode : elles vont chiner, coudre et créer des tenues, mais surtout elles vont oser monter sur scène, entrer dans la lumière. Envisager cette audace, c'est déjà changer, or Jess va changer bien plus encore, en quelques mois, notamment au contact de la vieille Madame Barnes - au risque de perdre une amie, au risque de se découvrir, au risque de s'envoler. Un roman de la métamorphose, frais, joyeux et enlevé, plein d'insouciance et de promesses d'avenir.
Au travers du personnage de Susan, assistante souffre-douleur, Régine Detambel revient sur les dernières années de la vie de la grande tragédienne Sarah Bernhardt, ses triomphes, ses amours, ses lendemains qui déchantent, ses obsessions, sa fortune, ses sommets, ses tréfonds. Tout y est hautement romanesque et délicieusement extravagant.
2023 marquera le centenaire de la mort de Sarah Bernhardt dont la devise est restée "Quand même" jusqu'au bout.
Quatre générations d'une famille d'immigrants, les Sterling, ont pris souche dans les plaines de l'Alberta (Canada), entre la fin du XIXe siècle et le milieu du XXe. L'un d'entre eux, Paddon, a tout connu de leur existence. Mais, quand commence ce roman, Paddon vient de mourir. Et c'est à ce que grand-père adoré, fils de pionniers en terre indienne, que la narratrice, Paula, adresse un ample récit en forme d'adieu.
Tom, psychiatre israélien à l'hôpital de Hod Hasharon près de Tel Aviv, soigne plusieurs patients, parmi lesquels Hephraïm Steiner, musicien octogénaire, et Roshan, jeune Palestinienne enceinte mais enfermée dans le déni de sa grossesse. Deux cas passionnants pour ce médecin dont les recherches portent sur l'inaudible, sur la communication intra-utérine - et qu'obsède ce qu'il a vécu et croit avoir entendu, le 11 septembre 1995, depuis le ventre de sa mère, alors que se jouait dans l'espace un drame : Soyouz ne répondait plus.
Diane, qui a atteint un âge qu'on préfère taire, se rend dans une boutique de pompes funèbres pour acheter une concession et se retrouve avec un emplacement prévu pour "deux" cercueils... La voilà qui recherche parmi les hommes qui l'ont aimée celui qui serait prêt à devenir son compagnon du grand sommeil. Un roman aussi grave que fantasque, qui mêle la vie et la mort, l'amour et la solitude, l'émerveillement et le chagrin.
Naître soeur n'est pas inoffensif. Ainsi pour Vanessa Bell, peintre méconnue à l'aune de "la postérité de noyée" de sa cadette, Virginia Woolf. Ou pour Laura, romancière et aînée, qui veille sur les secrets, soustrait le poison des chagrins. Autant d'amours ennemies, de joies fébriles, de jalousies tristes, qui font les liens ambigus entre soeurs. Portrait en diptyque à la grâce époustouflante, ce récit subjectif de la vie de Vanessa Bell, exprime l'inquiétude d'exister et ce qui, parfois, permet de la conjurer : l'amour d'une soeur.
Sous notre blafard ciel contemporain, dans un monde qui a vendu son âme au ricanement, un professeur de lycée qui a apprivoisé ses désillusions trouve peu à peu la forme de sa propre résistance à cette dégringolade spirituelle. Sébastien Lapaque transcende la mélancolie et la lucidité du constat pour nous offrir une épiphanie douce, et son roman le plus lumineux, le plus intimement universel.
Décembre 1714, à Jadraque (Espagne), Anne-Marie des Ursins, depuis vingt ans au service du roi Philippe V d'Espagne, vient à la rencontre d'Élisabeth Farnèse, duchesse de Parme, dans quelques jours la nouvelle épouse du souverain. Que se passe-t-il durant cette entrevue si brève ? Brutalement, Anne-Marie des Ursins est congédiée par la future reine d'Espagne, et aussitôt conduite sur les chemins de l'exil. Bien des années plus tard, les deux femmes continuent de passer au tamis de leur mémoire cette décisive nuit, faisant naître ainsi le récit de près d'un siècle d'Histoire. Un magnifique roman sur les femmes au pouvoir.
Silhouette surgie du paysage, Fisch débarque à Palerme pour rendre visite à « L'Annunciata » d'Antonello da Messina dont il sait qu'elle est exposée au Palazzo Abatellis. Avec ce portrait peint sans modèle au XVe siècle, une authentique conversation s'engage. Toutes amarres larguées, bientôt détroussé de tout (argent, identité) par de petits voyous locaux, le voilà intégralement disponible à la vie, aux rencontres, bonnes et mauvaises.
Épopée modeste et néanmoins sicilienne, "Peindre salé" raconte une tentative formelle : celle, dans le roman comme dans la vie de Fisch, d'une économie de la langue et de l'être qui serait à la fois libre, solidaire et joyeuse. Mais aussi d'un retour vers la peinture qui s'affranchirait de l'histoire de l'art.
J. a passé toutes ses vacances d'enfance dans une île. À la mort de sa mère, alors que la maison de vacances revient à son frère, elle décide de ne pas se battre et de faire construire sur cette île SA maison, il s'agit pour elle de s'installer dans l'île, d'en faire partie, d'être acceptée par le paysage comme par ses habitants, de devenir insulaire. Elle veut réinventer un ancrage, des souvenirs, un refuge sûr et tranquille sur la falaise toute proche du phare. Mais quand il s'agit de travaux rien n'est simple en ces lieux comme ailleurs, J. se heurte à toutes les difficultés possibles et imaginables, jusqu'à défaillir et avoir le sentiment de mourir. Alors pourquoi se mettre dans de telles situations ? Que symbolisent les maisons ? Quels sont ces attachements, ces fausses filiations, ces véritables entraves qui nous comblent de joies et nous donnent des sueurs froides ? Ce livre est celui de nos bonheurs inventés, reconstruits, envolés.
Suivre cette femme dans ses péripéties invite à méditer sur le sens profond de notre vie, sur le courage et la persévérance, sur l'espérance.
Kenza a foiré sa mort. Retrouvée gisant dans son sang en petite culotte, l'oeil arraché par la balle qu'elle a tenté de se tirer dans la tête, mais bien vivante, elle traverse désormais l'existence sous ce masque de cicatrices qu'elle assume comme preuve ultime d'un geste de liberté à haute tension.
Dalton, le pompier qui l'a ramassée, fasciné par les distorsions de trajectoires, a de son côté créé une drogue bouleversante : la schizoïne. C'est grâce à elle que Kenza va s'envoyer en l'air, comme bientôt toute la société. À travers ces deux personnages et leurs corps abîmés se dessine, dans ce court roman très noir en forme de poème du pire, une théorie du chaos, fascinant reflet de notre société moderne.
En pleine paranoïa pandémique, un jeune journaliste québécois vient débusquer le septuagénaire Claude Lemieux chez lui pour le faire parler des folles années 1970. C'est Hosanna qu'il réveille, ancêtre drag, « coiffeur le jour, bitch la nuit », figure naguère flamboyante, puis triste témoin du gay Montréal, de ses fêtes et ses défaites. Et tandis que l'interview vire au marathon - et que le niveau de la bouteille de gin descend - sans jamais faire la leçon, la « Shéhérazade des pauvres » (se) raconte et Tremblay alerte. Il n'est pas encore temps de s'endormir sur les libertés arrachées à pleine dents.